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Grands équipements sportifs : créer de l'image pour favoriser le développement

La France compte actuellement 39 chantiers de construction de grands stades et de grandes salles de sport, ou arénas. 7 stades et 6 arénas sont en cours d'achèvement, 9 stades et 3 arénas sont en cours de construction et 4 stades et 10 arénas ne sont pour l'heure vivants que dans les cartons des architectes qui les ont dessinés et sur les feuilles de calcul des élus qui en étudient le financement.
Cet engouement pour la construction de grandes enceintes sportives n'est pas dû au hasard. Lors du colloque Arenas Economic Forum, organisé à Paris les 4 et 5 septembre, on a rappelé les rapports alarmistes de la commission Grands Stades de 2008, dit "rapport Seguin", d'une part, et de la commission Grandes Salles de 2010, dit "rapport Constantini", d'autre part. La France semble donc s'être mise en ordre de bataille pour rattraper son retard en la matière. Guillaume Prot, président du groupe Moniteur, co-organisateur du colloque, ne s'y est pas trompé, évoquant une "époque sans précédent", une "révolution".
En ne retenant que la construction et la rénovation des dix stades de l'Euro 2016 de football, la facture s'élève à 1,7 milliard d'euros, dont – au bas mot – 500 millions à la charge des seules collectivités territoriales. Dans ces conditions, qu'est-ce qu'une collectivité peut attendre d'un tel équipement ? L'Arenas Economic Forum proposait aux représentants de collectivités d'en débattre…

Aménagement et animation du territoire

"J'en suis arrivé au point où je me demande s'il faut réaliser l'aréna de Dunkerque. Parce qu'aujourd'hui, l'impact lié au simple fait d'en parler est intéressant. Nous n'aurions pas été invités à votre colloque sans ce projet, on cite notre salle dès qu'on parle des nouvelles salles au niveau national. Pour le moment, cela ne nous coûte pas très cher…" Cette sortie de Michel Delebarre n'est a priori qu'une boutade. Car si le président de la communauté urbaine de Dunkerque a pris la décision de construire une aréna de grande dimension sur son territoire, ce n'est pas pour participer à des colloques mais pour offrir un meilleur outil à deux clubs de l'agglomération de Dunkerque, l'un en basket, l'autre en handball, jouant régulièrement au niveau européen sans posséder de salle adéquate.
"Pour la nouvelle aréna, 5, 6 ou 7.000 places, ça n'était pas mal, mais cela ne nous donnait pas la garantie d'être dans un premier niveau de salles. On m'a convaincu qu'à moins de 10.000 places, nous n'arriverions pas à accrocher un certain nombre de manifestations. Aujourd'hui, même pour une compétition européenne de judo ou de gymnastique, ou un tour de Coupe Davis, si vous ne frôlez pas les 10.000 spectateurs, vous aurez du mal à obtenir l'organisation. Et si les villes concernées par des projets d'aménagements significatifs prenaient, du fait du contexte de crise, la décision de ne pas bouger, cela aboutirait à vingt ans d'incapacité d'accueil de compétitions internationales dans notre pays. De plus, cela permet de conjuguer sport et dimension culturelle", justifie Michel Delebarre, dont l'agglomération va donc se doter d'une salle de 10.700 places à l'horizon 2016.
Brigitte Berthomieu, directrice de cabinet du président de l'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, insiste quant à elle sur le lien avec le territoire que va offrir le futur vélodrome, nouveau siège de la Fédération française de cyclisme : "Si vous voulez qu'un projet soit accepté, il faut qu'il y ait un retour pour les habitants. Le vélodrome, on le prend aussi dans sa dimension aménagement du territoire, il n'est pas loin de l'une des gares. On repense donc la liaison vélodrome-gare et vélodrome-base de loisirs. Il faut adapter la qualité de la desserte aux activités." L'aménagement sportif et l'animation du territoire figurent donc parmi les premières motivations des élus à l'heure d'investir dans de nouveaux équipements de grande envergure.
Mais qui dit grands projets dit aussi retombées économiques à court, moyen et long terme. "Pour nos agglomérations, c'est de façon délibérée une volonté d'investissements lourds qui, dans la période où nous sommes, n'est pas indifférente en termes de retombées économiques. Cela se sent au niveau des entreprises qui vont bénéficier de ces chantiers", ajoute Michel Delebarre. A ses côtés, Maurice Vincent, président de la communauté d'agglomération de Saint-Etienne, qui finance une partie des 75 millions d'euros de la rénovation du stade Geoffroy-Guichard, avance que "ce qui est attendu en termes économiques, c'est un coup de booster pour les accueils de congrès", puis il ajoute : "Mais c'est aussi une façon de concrétiser l'évolution économique réelle d'un territoire."

De l'image à la réalité…

Or, pour l'élu stéphanois, cette dernière formule recouvre une situation parfois difficile à vivre pour son territoire : l'inadéquation entre l'image et le réel. "L'image de ville industrielle avec des difficultés de reconversion est restée présente alors que la réalité n'est plus celle-ci, explique Maurice Vincent. Le taux de chômage de l'agglomération stéphanoise correspond au taux de chômage moyen en France. Pour des villes comme Lens ou Saint-Etienne, avoir des équipements de dimension européenne a certainement un effet sur la perception extérieure du territoire. Et il faut que cette perception évolue avec la réalité." Ce travail sur l'image ne pouvait, selon Maurice Vincent, s'appuyer que sur un projet de rénovation du mythique stade Geoffroy-Guichard porteur de valeurs positives. L'élu a ainsi écarté la possibilité de reconstruire une nouvelle enceinte dans l'agglomération.
En d'autres termes, le bénéfice le plus important dont un territoire peut tirer profit grâce à un équipement neuf ou rénové, c'est l'image. Une image nécessaire, non pour satisfaire leur ego, mais indispensable à leurs yeux pour amorcer un cercle vertueux qui créera une dynamique d'animation et de développement économique autour du nouvel équipement. Michel Delebarre ne dit pas autre chose quand il voit dans la future aréna de Dunkerque un équipement unique du Havre jusqu'à la frontière belge : "Cette salle, située comme elle va l'être, sera un outil de promotion et d'attractivité. Sûrement un accélérateur d'aménagement, et un accélérateur d'image. Si vous ne l'avez pas, il n'y a aucune raison qu'on pense à vous lorsqu'on regarde la géographie nationale d'accueil de manifestations de haut niveau." L'élu du Nord n'était donc pas à Paris simplement pour faire parler de son territoire mais bien pour faire valoir les vertus de sa future salle dont il a promis d'aller recruter les spectateurs jusque dans les Flandres belges.

Jean Damien Lesay
Source : Localtis.info



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