Esclaves, c'était différent dans les années 60 dans le foot professionnel
En l'espace d'un demi-siècle, le mot esclave a pris une signification différente en ce sens que dans les années 60, il n'avait rien à voir avec celui qui a été prononcé ces derniers temps.
Ainsi, nous faisons allusion aux esclaves qu'on achète aujourd'hui, sur les marchés de Lybie.
Des marchés qui ont révolté le monde entier et qui ont provoqué la réaction unanime et logique des grands joueurs de football, originaires d'Afrique.
Ainsi, à l'Amiens SC, à Metz voici une quinzaine de jours, le milieu de terrain sud-africain Bongu qui avait marqué le deuxième but de son équipe, a manifesté son soutien à ces personnes, hommes et femmes, le plus souvent jeunes, qui sont la proie de véritables requins.
Retour en arrière avec le mot esclave.
Nous sommes exactement en 1963 et le plus grand joueur français de l'époque Raymond KOPA va prononcer un réquisitoire implacable. "Les joueurs sont des esclaves" dit-il et le journal l'Equipe reprend la formule dans sa première page.
Pourquoi dit-il cela Raymond Kopa ? Tout simplement parce qu'à cette époque, où évidemment le Mercato n'existe pas, les joueurs sont la propriété des clubs et ils doivent respecter la longueur de leur contrat. Si un joueur a signé par exemple quatre ans et qu'au bout de trois mois, il ne se plait plus dans sa nouvelle équipe, malheur à lui. Il devra aller jusqu'au bout. Le bras de fer qui se produit inévitablement à cette époque entre le joueur et le club ne voit jamais le joueur gagner.
Il faudra attendre 1969 pour que les joueurs professionnels français obtiennent l'entrée en vigueur du contrat à durée déterminée. C'est une avancée tout à fait extraordinaire. Le mot esclave a dès lors disparu du langage du football. Mais il est malheureusement toujours vivant dans le Monde universel.
Lionel HERBET
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