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Interview de Claude FauquetLe Foot est partie intégrante de ma vie et en particulier de mon enfance et de mon adolescence il a été un repère précieux pour me construire. J'ai commencé le Football à Abbeville terre de football s'il en est avec JM Prévost un entraineur charismatique qui m'a beaucoup impressionné au point de ne pouvoir m'exprimer vraiment sur le terrain. Mais c'est surtout à Calais que j'ai passé les plus belles années de ma vie de footballeur avant que mes études de professeur d'EPS ne me dirigent vers Houlgate où j'ai découvert le Rugby qui a remplacé ma passion pour le Football où je n'ai finalement pas atteint le niveau que j'aurais aimé lors de mes années à Calais. Mon « titre de gloire »est sans doute le quart de finale de coupe Gambardella que nous avons perdu justement contre Abbeville où jouais je crois me rappeler un certain Monflier qui nous avait fait mal. J'ai côtoyé des joueurs comme S Goudal et S Dubreucq qui deviendront ensuite professionnels. Mais c'est surtout A Dubreucq entraineur dont je me souviens le plus par sa rigueur et son autorité naturelle. Vous étiez dans un premier temps enseignant. Comment êtes-vous devenu Conseiller Technique Régional de natation, vous qui n'aviez jamais nagé en compétition ? C'est une longue histoire que je ne peux résumer en quelques mots car elle sera la colonne vertébrale d'une vie consacrée au sport. Mais j'ai nagé en compétition pas vite certes mais j'ai nagé en compétition en Nage Libre. J'ai découvert ce sport en créant avec un ami lycéen d'Abbeville M Amaury le SCA Natation au sein de la nouvelle piscine. Nous avons passé nos diplômes fédéraux d'éducateurs pour encadrer le club avec lequel nous obtiendrons assez vite d'excellents résultats. Avec la Picardie, vous avez eu de bons résultats si bien qu'à Paris, au siège fédéral, on vous a remarqué. Vous devenez ainsi Directeur Technique National puis directeur des équipes de France. Vous étiez à Atlanta et la natation était alors au creux de la vague. Quand vous êtes dans l'avion du retour, vous n'êtes pas très loin des cyclistes qui eux, ramènent des médailles d'or et font la fête. C'est l'inverse j'ai d'abord été nommé Directeur de L'équipe de France en 1994 avant de devenir DTN au départ de JP Clemençon en 2001. Vous avez un jour déclaré que ce retour joyeux des cyclistes, eh bien, un jour ce serait au tour des nageurs. C'est ce qui s'est effectivement produit. Peut-on parler de miracle ? Il n'y a que les croyants qui pensent que les miracles existent, c'est respectable mais en sport je n'en ai jamais rencontrés. Après tant d'années je me réfère toujours à cette citation de R Barthes qui devrait guider tous ceux et celles qui sont attachés à la transmission. « Il est un âge où l'on enseigne ce que l'on sait ; mais il en vient un ensuite où l'on enseigne ce que l'on ne sait pas : cela s'appelle chercher. Viens peut être maintenant l'âge d'une autre expérience celle de désapprendre, de laisser travailler le remaniement imprévisible que l'oubli impose à la sédimentation des savoirs, des cultures et des croyances que l'on a traversées. Cette expérience a, je crois un nom illustre et démodé que j'oserai prendre ici sans complexe, au carrefour même de son étymologie : Sapienta : nul pouvoir, un peu de sagesse, un peu de savoir et le plus de saveur possible » En tant que DTN, directeur des équipes de France de natation, vous avez été comblé avec de nombreuses médailles et l'avènement de grands champions dont Laure Manaudou a été incontestablement votre réussite. Est-ce que vous vous en rendez compte aujourd'hui ? Je ne peux en aucun cas revendiquer la réussite de Laure tant son parcours a été singulier mais elle est arrivée dans une période décomplexée pour la Natation Française. C'est cela que je peux revendiquer ; avoir permis une prise de conscience de la Natation que tout était possible pour peu que l'on s'en donne les moyens et que l'exigence au quotidien s'inscrive dans la culture française de l'entraînement. Cette culture a été portée par de nombreux nageurs et entraineurs qui ont fait la réussite collective de la natation et je ne me résous pas à personnaliser cette réussite même si j'ai un profond respect pour l'engagement dont ont fait preuve Philippe et Laure dans cette aventure. A quel moment, avez-vous décidé de prendre du recul ? C'est justement quand je me suis rendu aux mondiaux 2007 à Melbourne que la médiatisation de Laure devenait le sujet central des médias que certaines valeurs de respect et d'exigence avaient tendance à disparaître que j'ai pris ma décision d'arrêter. Mon histoire avec la Natation s'arrêtera après les Jeux de 2008 à PEKIN alors que l'équipe de France est au sommet de la nation mondiale. Un recul de courte durée puisque vous avez vite replongé en devenant le grand patron du sport picard ? Entre temps j'ai vécu une magnifique aventure en deux temps. En participant auprès de B Laporte alors secrétaire d'état à la réforme de l'INSEP dont je prendrai la Direction Générale adjointe chargé de la Préparation olympique et paralympique jusqu'au Jeux de 2012 où j'assisterai au meilleur résultat de l'histoire de la natation française aux JO avec 4 titres olympiques et 7 médailles. J'ai d'ailleurs une pensée émue pour Camille au moment d'écrire ces lignes. Si je vous dis : Claude Fauquet a redonné ses lettres de noblesse au CROS de Picardie et au mouvement sportif, que répondez-vous ? Je vous dirai que je ne sais pas ce que cela signifie redonner ses lettres de noblesse à quoique ce soit. L'histoire du sport français est une longue suite de l'histoire de notre pays dans lequel chacun apporte sa pierre. Pour ma part j'ai trouvé un CROS en parfait état de fonctionnement à mon arrivée il faut donc en remercier mes prédécesseurs. J'essaie d'apporter une autre vision de l'avenir la nécessité d'être innovant sous peine de ne plus exister dans les dix ans qui viennent face à ce que l'on appelle « l'Ubérisation du sport » c'est un défi et j'aime les défis. Vous avez souvent déclaré que le monde sportif devait, compte tenu des diminutions des subventions de l'Etat mais aussi de la Région, se tourner vers le monde de l'Entreprise. Histoire de trouver d'autres ressources. Je ne l'ai pas seulement déclaré je le mets en œuvre au quotidien en portant avec mon équipe et les salariés du CROS avec leur directeur P Charbonnet un projet novateur et en rupture avec les codes habituels du monde du sport. Depuis maintenant plus d'un an, avec vos amis du Nord et Pas de Calais, vous avez travaillé sur la réforme territoriale et cette grande région. Vous entendez-vous bien avec eux ? Etes-vous certains qu'en ce qui concerne toutes les disciplines, ce soit la même chose. Que par exemple le football n'aura rien de comparable avec un sport individuel. Qu'à un certain moment, nos « amis » nordistes ne veuillent tirer la couverture à eux. Pas de procès d'intention, si nous posons cette relation, cette nécessité de créer une grande région de sport ce n'est pas dans le rapport de force que nous devons avancer mais dans la volonté de proposer un projet ambitieux à nos partenaires institutionnels. C'est sur cette ligne que nous travaillons avec le CROS et les CDOS du NPC et pour l'instant tout va bien dans ce sens. Je sais que cela ne sera pas simple pour certaines ligues mais encore une fois ne nous posons pas en victimes mais en véritables porteurs de projets et d'idées nouvelles et riches pour tous et cela conduira aux respects de tous. Qu'attendez-vous du nouveau Comité Régional Olympique? Est-ce que le siège va rester à Amiens comme la Direction de la Jeunesse et les Sports ? J'attends un grand projet collectif élaboré ensemble avec nos collègues du Nord Pas de Calais, validé par X Bertrand et la Direction régionale de la JSCS et sur cette base, organiser les structures, décider de qui fait quoi, et alors et seulement alors étudier la question des sièges. Le centralisme n'est jamais une bonne décision, oublier du jour au lendemain ce que ces deux régions ont créé depuis toutes ces années serait une erreur grave et dommageable pour le sport. Pour ma part je souhaite que les salariés du CROS de Picardie viennent ajouter aux compétences au service d'un projet d'envergure. Où se situeront les lieux de travail n'est pas un sujet ils resteront ce qu'ils sont. Ce sont les dossiers qui comptent et nous trouverons toujours les moyens de nous organiser. Un président de comité départemental a déclaré « que les comités départementaux » seront gagnants avec la future grande région. Partagez vous cette opinion ? Voilà bien le problème. Il ne peut pas y avoir de gagnants et de perdants car sinon c'est le sport dans son entier qui sera perdant. L'histoire du sport français très centralisateur n'a fait que créer des organisations dont les missions ne sont jamais vraiment définies ce qui ne fait que l'affaiblir. Je crois davantage au fait que les niveaux de responsabilité seront plus clairement établis entre stratégie et mise en oeuvre mais il y aura nécessité de travailler à un projet commun entre les différents acteurs. Le temps où chacun cherchait à exister pour lui même et non au service d'un projet commun novateur pour le sport sera bientôt confronté aux réalités économiques de notre environnement institutionnel et alors que ferons nous ? Nous sommes à quelques semaines des Jeux de Rio. Combien de Picards seront du voyage, selon vous ? Y aura-t-il des chances de médailles ? Je ne souhaite pas m'avancer sur le nombre de qualifiés et de médailles. Il appartient aux Fédérations et aux DTN de définir leur propre stratégie d'annonce. Quand j'étais en fonction chacun y allait de son pronostic créant souvent la confusion chez les athlètes. Nous avons choisi avec la DRJSCS et le Conseil Régional de suivre plus spécifiquement la préparation des athlètes en les aidant financièrement avant et après les JO et les JP. C'est de cette action qu'il faudra tirer les enseignements après les JOP et les résultats obtenus. Mais ce sujet du haut niveau devrait aller plus loin dans la réflexion car notre modèle atteint ses limites mais c'est un autre sujet. Enfin, en ce qui concerne le football, pensez-vous que le Picard Ruddy Buquet puisse être retenu pour les Jeux ? Je ne sais pas mais en tout cas il le mérite et cela serait un bel hommage à sa compétence et à son professionnalisme. PS : Merci à la Ligue de Picardie de football de nous avoir permis de reproduire cet interview de Claude Fauquet parue dans l'organe officiel MI-TEMPS. Raison pour laquelle le président du CROS parle beaucoup de football. Lionel HERBET A consulter aussi
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