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Le grand écart des élus du sport
L'assemblée générale de l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes), tenue à Brest les 22 et 23 juin, a été l'occasion de mettre en avant l'activité croissante de l'instance, qui fêtait ses quinze ans, et de témoigner des problèmes des collectivités en matière de sport. Si celles-ci déplorent la pression que font peser sur elles les ligues professionnelles, la gestion des équipements de proximité et l'avenir des petits clubs les inquiètent tout autant.
Pression des ligues professionnelles par l'intermédiaire des clubs de haut niveau d'un côté, problème de gestion d'équipements de quartier et statut des bénévoles de l'autre. L'assemblée générale de l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes), ces 22 et 23 juin à Brest, a montré la grande souplesse des élus locaux dans l'art du grand écart. Il le faut bien : Jacques Thouroude, président de l'Andes, ne supporte pas la politique de la chaise vide ! C'est donc à quelque 180 réunions – contre 130 en 2010 – que les membres de l'association, qui compte plus de 1.000 collectivités adhérentes et touche un réseau de 3.000 villes, ont participé en 2011.
Parmi les différentes instances où l'Andes peut se faire entendre, la Commission d'examen des règlements fédéraux relatifs aux équipements sportifs (Cerfres) figure parmi celles qui donnent le plus de satisfaction aux élus. "Nous y sommes très vigilants et les fédérations nous concertent", se réjouit Jacques Thouroude, sans toutefois tirer la couverture à soi. Sur les sports en salle, il précise par exemple que "les moyens des collectivités locales ne permettent pas de refaire chaque année les sols" et préconise que "le Comité national olympique et sportif français joue le rôle de coordinateur" entre les fédérations afin que celles-ci présentent des projets cohérents, concertés et, bien sûr, raisonnables financièrement.
En matière de normes, l'Andes participe également au comité consultatif Normalisation et collectivités ainsi qu'au comité de pilotage de l'Afnor. Dans ce domaine, Jean-Marie Deluche, adjoint au maire de Blanquefort (Gironde), déplore le "peu de retours des collectivités sur les normes". Un manque de communication qui pourrait s'expliquer par le foisonnement des normes et le flou sur les contraintes qu'elles font réellement peser sur les collectivités : "Sur les milliers de normes existantes, seul 1% est obligatoire", rappelle Jean-Marie Deluche.
"Ne pas se laisser marcher sur les pieds"
Et si l'on n'aime pas la politique de la chaise vide à l'Andes, on n'apprécie pas non plus de parler dans le vide... Aussi la revendication d'une voix délibérative dans les commissions territoriales du CNDS (Centre national pour le développement du sport), qui attribuent des subventions aux clubs et où siègent des représentants des collectivités locales avec voix consultative, figure-t-elle parmi les priorités de l'association. "Nous travaillons sur l'aménagement du territoire, nous défendons les positions du mouvement sportif, mais aussi le sport scolaire et le sport pour tous, justifie Jacques Thouroude. Il faut parfois taper du poing sur la table car nous finançons plus de un milliard d'euros de travaux chaque année."
Du poing sur la table, l'Andes a régulièrement l'occasion d'en donner dans ses relations avec le monde du sport professionnel. Alors que les cinq ligues professionnelles (football, rugby, handball, volley-ball et basket-ball) sortent l'une après l'autre des règlements sous forme de labels qui reviennent à noter les clubs à travers leurs installations, salles ou stades, les collectivités locales craignent les pressions que les clubs pourraient leur faire subir (voir ci-contre nos articles du 18 juin et du 2 avril). "Les ligues imposent aux clubs ce qu'elles ne peuvent pas imposer aux collectivités locales. Les ligues sont en free-lance, elles s'autorégulent alors que l'Etat ne joue plus son rôle. Ce sont les fédérations et non les ligues qui ont reçu délégation du ministère", commente Jean-Jacques Place, adjoint au maire de Tours et responsable de la commission grandes villes de l'Andes. Dernier exemple en date : la décision de la Ligue nationale de basket (LNB) d'attribuer deux invitations en Pro A à des clubs de l'échelon inférieur sur des critères extrasportifs (capacité d'accueil de la salle, montant du budget, gouvernance, structure administrative, etc.), une première en France ! A Châlons-en-Champagne, où évolue un club de Pro B, la mairie a déjà été sollicitée pour monter le meilleur dossier possible... Pour ne pas "se laisser marcher sur les pieds", Jean-Jacques Place annonce que le ministère des Sports sera consulté sur la légalité des règlements des ligues professionnelles.
Quelle répartition de la compétence sport demain ?
Les échanges avec la salle ont enfin été l'occasion de faire ressortir des problèmes récurrents auxquels les élus du sport sont confrontés. Le statut du bénévole en est un. Si d'un côté on regrette les pratiques des clubs qui rémunèrent leurs entraîneurs "bénévoles" de façon détournée, de l'autre on constate avec amertume la crise des vocations du secteur associatif et l'on se demande comment de nombreux petits clubs survivront au départ prochain de leurs dirigeants actuels, la relève ne semblant pas assurée sur de nombreux territoires.
Enfin, les témoignages de représentants de Niort et d'Amiens - où les EPCI semblent faire figure d'exception pour s'être emparés de toute la compétence sport – ont mis en avant les difficultés à gérer des problématiques de proximité dans un cadre élargi. La communauté d'agglomération de Niort a ainsi renoncé au bout de deux ans à gérer une centaine de terrains de football et des dizaines de salles de sport pour des raisons d'organisation et de coûts, seules les piscines étant restées dans le giron communautaire. Un exemple à méditer alors que se rapproche l'échéance de 2014 et son exigence de schémas régionaux d'organisation dans le domaine du sport.
Jean Damien Lesay
Localtis Info : Publié le lundi 25 juin 2012
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