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100Km d'Amiens
Samedi prochain, les spécialistes des épreuves de grand fond vont s'en donner à cœur joie. Ils seront environ 150 à s'aligner au départ d'une épreuve mythique et qui laisse rêveur le grand public : les 100Km d'Amiens. Un point d'histoire pour rappeler que dans les années 80, les 100Km du Val de Somme ont obtenu un très vif succès à la fois populaire et sportif. Cette période a été marquée par la présence de coureurs d'exception tels l'Anglais Daykin (décédé l'an dernier), le Belge Praet et le Russe Santalov. Au plan régional, deux coureurs ont, incontestablement, marqué de leur empreinte cette épreuve : Chantal Langlacé et Claude Ansard. Si aujourd'hui des milliers de femmes s'adonnent à la course à pieds, c'est grâce à Chantal Langlacé. Quant à Claude Ansard, nul n'a oublié son immense volonté.
Après une interruption de plusieurs années, l'épreuve a été reprise par Promotion Sport Picardie qui s'est adjoint le concours d'un homme qui connait parfaitement à la fois les courses de grand fond mais aussi la façon de se préparer, de s'alimenter. Elu au comité de la Ligue de Picardie d'athlétisme, Jean François Delassalle est également médecin à Corbie. Une occasion de faire le point avant les 100Km d'Amiens qui auront lieu samedi prochain et d'effectuer un bref retour en arrière :
« Il faut se souvenir qu'en France, les vrais précurseurs ont été les 100km de Millau. Les organisateurs viennent du reste de fêter leur trentième anniversaire. Ils ont même eu le bonheur d'accueilir environ trois mille participants et dans un esprit qui voulait que la performance passait au deuxième plan.
« Quand on s'adresse à une personne non initiée et qu'on lui dit : je vais courir un 100km ou j'ai couru un 100km, ces personnes n'en reviennent pas. Cela frappe les esprits et cela parait inimaginable. « Pourtant, quand une personne est bien entrainée, elle peut y parvenir. » Jean-François Delassalle estime en effet que par rapport aux 100km du Val de Somme que nous avons connus dans les années 80, le niveau d'ensemble ne s'est pas amélioré.
« Aujourd'hui, on parle plus de challenge personnel que de la volonté de battre un record, poursuit Jean-François Delassale.
« Moi je dis qu'une personne normale, en bonne condition, peut courir un 100Km en 14-15 heures à la condition qu'elle s'entraine 3-4 fois ar semaine durant une année. C'est donc un challenge personnel que beaucoup relèvent. Certains démarrent directement sur 100km mais les plus nombreux, ont longtemps couru des 10-20km voire des marathons et un beau jour, ils veulent passer à autre chose. »
Selon Delassalle, les coureurs actuels de grand fond se préparent différemment par rapport aux Claude Ansard et Chantal Langlacé.
«Ils parcourent sûrement moins de kilomètres aujourd'hui . C'est toujours une préparation très lourde. Il faut sacrifier deux mois à raison de quatre à six séances par semaine. Le kilomètrage varie selon le niveau des athlètes mais il faut tabler entre 80 et 140km par semaine. En général, les bons spécialistes ne font qu'un ou deux 100Km dans une année. Un 100Km demande à la fois une grosse préparation avant mais aussi une grosse récupération après. Il faut quinze jours pour récupérer et un mois avant de reprendre l'entrainement.
« Toutes les morphologies se valent mais il est clair qu'un obèse ne courra jamais un 100Km. Je pense aussi que les coureurs de 100 km ont des jambes plus musclées que ceux qui s'alignent sur des distances plus courtes. Mais ils ne sont pas maigres comme ceux qui disputent un 10km. »
Quant à l'alimentation, elle reste toujours la même :..
« Dans la semaine précédente, il faut prendre des glucides lents, des sucres lents, des pâtes, du riz, mais pas de viande rouge même si Claude Ansard en prenait à son époque. Le matin, on conseille un petit déjeuner normal. Durant la course, les meilleurs ne prennent que des barres énergétiques avec une assimilation rapide, et beaucoup d'eau. S'il fait chaud, ils peuvent boire entre 10 et 15 litres. »
Enfin, dernier volet : quel est le niveau aujourd'hui des meilleurs ? Jean-François Delassalle est convaincu que les grands champions des années 80 n'ont pas été remplacés.
« C'est évident que Praet et Santalov seraient toujours devant aujourd'hui. Daykin qui est décédé l'an dernier était un coureur qui disputait 4-5 100Km par an. Les meilleurs temps actuels tournent autour de 6h40. Le record du monde est détenu par un Japonais en 6h13m. On peut faire encore mieux mais cela ne sera pas pour demain. Car c'est quand même exigeant que de consacrer quatre mois dans l'année pour un 100KM. »
Enfin, dernière question avec l'intégration, un jour, des 100Km au programme des Jeux Olympiques.
« C'est un vieux rêve pour de nombreux athlètes et organisateurs, conclut Delassalle. Mais je ne le pense pas. C'est déjà bien qu'il y ait un championnat de France, d'Europe et un championnat du monde ».
Lionel HERBET
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