Portrait de Patrick Valcke

Salle de presse ce dernier dimanche à la Licorne.

Une heure avant le coup d'envoi du match de L1 Lens- Caen, Patrick Valcke, responsable de la communication au R C Lens, est installé devant sa tablette et suit avec passion la fin du championnat du monde de cyclisme. Il est même en contact téléphonique avec son vieux copain Christian Palka, reporter à France Bleu Nord.

La victoire du Polonais Kwiakowski le surprend un peu. Patrick Valcke referme alors sa tablette et se plonge dans les derniers préparatifs du match.

La conversation roule néanmoins sur ce cyclisme que Patrick Valcke connait parfaitement. C'est qu'il fut le directeur sportif d'une équipe le Groupement mais il reste surtout l'homme qui, à un certain moment a dirigé la carrière de l'Irlandais Stephen Roche. Celui-ci réussit en 1987 un exploit que seul, avant lui, le grand Eddy MERCKX avait fait: remporter dans la même année le Tour d'Italie, le Tour de France et le championnat du monde sur route.

« Je suis entré au RC Lens en 2005 après avoir cessé d'être consultant sur Radio France, nous rappelle Patrick Valcke. Le vélo aura été la passion de ma vie à la fois familiale et sportive.

« J'ai couru dans le Nord jusqu'à mon départ au service militaire. Après, j'ai vu que je ne pouvais pas percer mais je suis resté quand même dans le vélo en étant mécano puis directeur sportif ».

Bien sûr, la grande année qu'il va vivre, ce sera 1987 avec ce formidable triplé de Stephen Roche qui deviendra son ami puisque plus tard, les deux hommes participeront à des rallyes automobiles.

« Mais il y eut aussi la piste avec Francis Moreau et Laurent Biondi, poursuit Valcke. Je suis surtout heureux que Francis Moreau qui, au départ, était un pistard, soit devenu un vrai routier. »

Quel regard porte-t-il sur le cyclisme actuel ?
« Tout a changé. Les coureurs sont moins accessibles qu'avant et ce à cause des bus. Avant les coureurs allaient au départ à vélo. Aujourd'hui, ils descendent de leur bus un quart d‘heure avant la course. On ne les reconnait pas avec leurs lunettes, leur casque et les oreillettes. De ce fait, ils sont moins proches du public.
« Les oreillettes ont changé le cyclisme. Vous avez aujourd'hui une génération de coureurs qui sont perdus le jour où justement, ils n'ont pas d'oreillettes. Ils n'ont plus cet instinct et le sens de la course. C'est gênant. Les méthodes d'entrainement ont également beaucoup changé avec les home-trainers, la nouvelles technologies, les ordinateurs etc. Aujourd'hui, un coureur qui a la clavicule cassée peut revenir trois semaines plus tard en s'entrainant sur home trainer. Enfin, il y a la récupération. Tout est devenu plus pointu. Avant, vous aviez des coureurs qui couraient 150 jours dans l'année. C'était fréquent. Aujourd'hui, un gars qui fait 100 jours, c'est beaucoup. C'est l'évolution de ce sport mais attention, il faudra toujours pédaler»

Enfin, Patrick Valcke qui suit bien sûr l'intrusion du cyclisme en Asie et en Afrique est convaincu que l'Europe aura toujours une certaine avance.
« Pour la raison simple qu'en Europe, il y a une culture du vélo. C'est ancré dans les mœurs. Bien sûr qu'il y aura de temps en temps un Chinois, un Japonais comme celui qu'a pris Jean-René Bernaudeau mais il n'y en a qu'un. Il y a encore de la marge pour la France, l'Italie, la Belgique etc ».

Enfin, Patrick Valcke avoue qu'il est toujours capable de se passionner pour le vélo.
Cet été, il a pris beaucoup de plaisir au Tour de France avec les Pinot, Bardet, Peraud et dans un registre différent avec le duel Demare et Bouhanni. Ce dernier rejoint Cofidis, formation nordiste ce qui comble Valcke. « Cofidis s‘était un peu endormi mais là ils ont fait une belle opération, une bonne pioche car Bouhanni va leur gagner quinze courses par an. Et puis les gars qui vont rouler pour lui, ils sauront pourquoi, ils le font ».

Et de faire une comparaison avec le football : « Le sprinter en cyclisme c'est exactement comme le buteur dans une équipe de foot ».

Lionel HERBET