L'Amiénoise : que le dialogue reprenne
Depuis plusieurs jours, la presse évoque le cas de l'Amiénoise, cette épreuve pédestre, disputée dans les rues d'Amiens avec lieu de départ et arrivée depuis la Licorne.
Une épreuve conçue et mise sur orbite par Chantal Langlacé dont la place sur l'échiquier du sport féminin, se situe tout en haut. Chantal a été la pionnière des courses pédestres en France. Elle a vraiment donné l'envie aux femmes de faire du sport et si possible de la course à pieds.
Dans le début des années 70, il n'était pas facile pour une femme de participer à une épreuve pédestre. La légende dit même que Chantal avait dû revêtir une tenue d'athlète homme pour participer à une course qui devait être Sedan-Charleville.
Peut-être n'est ce qu'une légende mais il arrive parfois que les légendes aient la vie dure.
Plus tard, Chantal a été la grande vedette des 100km du Val de Somme dans les années 80.
Son seul regret aura été de n'avoir pu, un jour, participer au marathon des Jeux Olympiques. Sans jamais arrêter de courir, Chantal est devenue, progressivement, organisatrice d'une épreuve : l'Amiénoise. Dans Amiens, l'Amiénoise succédait un peu à la René-Choquet, athlète de l'Amiens UC et décédé dans des circonstances tragiques, là aussi au début des années 70.
Depuis toujours, Chantal s'est signalée par un courage à tout épreuve mais surtout par un caractère bien trempé. Pas facile de cohabiter avec ce bout de femme mais il faut bien admettre qu'aujourd'hui, l'Amiénoise est une épreuve de réputation mondiale.
Pour preuve, la venue à Amiens voici deux ans de Nawal El Moutawakel, championne olympique du 400m haies en 1984 à Los Angelès. Nawal El Moutawakel fut la première femme arabe championne olympique en athlétisme.
Au Maroc puis dans tout le continent africain, Nawal qui est devenue aujourd'hui un personnage influent du C I O (elle est vice-présidente) a donné l'envie aux femmes de pratiquer la course à pieds. En quelque sorte, Chantal et Nawal ont été à l'origine de la passion qu'ont les femmes pour courir.
Chantal Langlacé a su s'entourer d'une équipe dévouée et dynamique de bénévoles. Elle est exigeante et vient d'engager un sacré bras de fer avec Amiens Métropole.
Qui sortira vainqueur de ce bras de fer ?
Personne. Ce face à face est terrible. Tous les coups sont permis. Chantal Langlacé a signalé que l'Amiénoise, c'était terminé. L'Amiénoise qui est un peu son bébé et d'une équipe bien soudée va-t-elle disparaitre ?
Pas certain car Amiens-Métropole répond que, quoiqu'il arrive, cette épreuve, avec un autre nom, aura lieu en 2015.
Le problème est toutefois qu'aujourd'hui, tous les bénévoles qui « travaillaient » aux côtés de Chantal Langlacé, ne sont pas certains de repartir avec une nouvelle équipe dirigeante.
C'est pourquoi, plutôt que de s'affronter en ce moment, de façon stérile, par voie de presse ou de communiqués, il serait bon que tout le monde se mette autour d'une table et discute. Si par malheur, l'Amiénoise venait à disparaitre, ce ne serait pas faute de moyens financiers mais surtout d'incompréhension entre deux clans. On peut même dire qu'aujourd'hui, cette incompréhension s'est transformée en une haine tenace.
Il faut donc calmer le jeu et faire en sorte que la sérénité revienne, de part et d‘autre.
Fasse en tout cas que les prochains jours parviennent à débloquer une situation qui, pour le moment, parait bloquée.
Lionel HERBET
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